Six lettres

Que faire quand son monde bascule ?

Quand le mot à six lettres est prononcé, irréversible et dévastateur.

La maladie s’immisce partout, on ne peut pas y échapper.

Chaque instant, de solitude ou non, est conditionné autour d’elle et de tout ce qu’elle implique.

Et puis il y a les questions, tellement de questions : ne me verra-t-elle jamais devenir majeure ? Tout ce pour quoi j’ai travaillé des années durant, n’en verra-t-elle jamais l’aboutissement ? Devrai-je passer chaque seconde du reste de ma vie à ressasser les moments passés ensemble, à souhaiter changer mes répliques ?

Ce qui nous tue aussi, c’est l’incertitude : que va-t-il se passer ensuite ? Ça se soigne, d’accord, mais sommes-nous condamnés à vivre avec une boule au ventre, angoissés à l’idée de recevoir le coup de fil ? Celui qui annonce que, ça y est, elle est revenue. Celui qui confirme nos pires craintes, tous nos cauchemars.

Sera-t-elle plus agressive, moins conciliante cette fois ?

Mais par dessus tout, le plus terrifiant c’est d’imaginer rien qu’un instant perdre son pilier, la personne autour de laquelle notre monde a toujours tourné.

Et malgré tout cela, je n’ose pas te le dire : Maman, j’ai peur.

Anonyme